Poème d’Arthur Haulot (1913-2005) – BELGIQUE

A Léopold Sédar Senghor,
merci pour ce superbe pont que votre poésie a créé
entre l’Afrique et l’Europe
Viennent les temps étranges où s’éteignent les fêtes
où les derniers éclats des soleils affadis
s’épuisent sous le poids des malédictions
C’est le temps où les hommes d’ultime trahison
ont perdu la salive de leur dernier serment
le temps où les enfants renoncent à l’espoir
où les mères défont les derniers nœuds du jour
où les clameurs des peuples abrutis de terreur
remplissent les déserts des plus grandes cités
C’est l’instant ou jamais de prendre la parole
l’abriter en son poing contre les vents du Nord
la nourrir de son sang de sa peur de sa force
lui donner l’humble poids du plus petit oiseau
le prix du vent ténu sous-jaçant la bourrasque
l’illusion d’un éclat au plus sombre des nuits
C’est l’instant sans mesure sans trace ni pardon
attendu espéré nié noué de haine
délavé dépouillé désincarné surpris
où toute honte bue et tous dieux refusés
l’homme reprend le monde et la terre et la vie
pour tout recommencer
Poème emprunté au site https://unesdoc.unesco.org/