Mokhtar El Amraoui de retour à l’école Saliceti de Mateur

Prestation de Mokhtar El Amraoui (1955-)  – Partenaire d’AFROpoésie – TUNISIE


I/ MA PREMIERE ECOLE

A toutes ces étoiles

Que j’ai vues naître

Dans les cris des ardoises

Et le ciel des fenêtres,

Aux premiers oiseaux vêtus d’alphabet

Qui gazouillaient, libres, de tant d’échos liés,

Dans la cage émerveillée des ailes

De mes vertèbres égayées de nouvel écolier,

A tous ces rêves de craie

Qui encensent encore mes chemins

De leurs parfums qui ont appris à mes mains

A épeler les continents, les fleurs, le thym et le romarin,

A appeler les paysans, les marins et tant d’étranges jardins

Qui s’étiraient dans mes rêves et se réveillaient en dessins

S’offrant, au petit matin, tout malins, à mes yeux de poussin

Qui conjuguait ses lourds lacets étourdis, ses souliers et son destin

Au passé, au présent et, rêveur, à tous les lendemains

Des jeux, avant les yeux sévères des premiers examens,

A tous ces premiers chants,

A toutes ces premières danses,

A tous ces premiers chiffres,

A toutes ces premières lettres

Qui tapisseront de leurs corolles,

A tout jamais, mon être,

A ma première école,

A vous tous,

Mon cher directeur,

Mes chères institutrices, mes chers instituteurs,

Je promets que je vous porterai, chaque jour,

Dans le cartable ailé de mon cœur

Et le tablier doré de toutes les heures

Qu’il me restera à lire

Dans le mystérieux livre

Des heurs et douleurs

Que j’aurai encore à vivre,

Qu’il me faudra encore écrire

Comme tous ces cahiers mouillés

De mes rires et pleurs

A vous tous,

J’offre mille et un encriers

Chahutant en rangs serrés,

Explosant en taches d’inoubliables fleurs!


© Mokhtar El Amraoui in « Le souffle des ressacs »

II/ LE LIVRE

Qu’il soit celui des morts

Ou celui des vivants,

Le livre t’ouvre ses immenses ailes au firmament !

Il t’invite au voyage,

De port en port,

De page en plage,

De plage en page,

De ville en village,

De visages en paysages

Et ne te laisse jamais livré à ton triste sort !

Il a tellement de secrets à te confier, avant ta mort,

Qu’il te rendra, pour l’accepter, bien plus fort!

C’est dans l’océan de ses mots

Qu’il te convie à renouveler ta peau,

A surmonter tes peines et tes maux,

A alléger tous tes fardeaux !

Dense, le livre te fait frémir,

Danser, pleurer et rire.

De l’Homme, il te révèle le meilleur, tout comme le pire,

Ce qui l’égaie et ce qui le fait souffrir !

Si tu veux, tout cela, découvrir,

Je te conseille, ami(e), de lire !


© Mokhtar El Amraoui in « Le souffle des ressacs »

III/ EXIL

Dans tes yeux,

Mon enfant,

J’ai lu l’exil.

Toi, qui es né

Loin du pays,

Tes cheveux ont la couleur de l’olive

A laquelle nous n’avons plus

Le droit de toucher.

Dans l’éclat de tes dents serrées,

Mon enfant,

Je regarde

Des milliers d’étoiles calcinées,

Nos terres volées,

Nos maisons bombardées,

Des bouquets de poings

Tombant sous les orangers.

Dans le mercure de tes larmes,

Mon enfant,

J’ai lu l’exil,

L’exil d’un peuple.


© Mokhtar El Amraoui in « Arpèges sur les ailes de mes ans »

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