Monia Boulila (1961-) – Partenaire d’AFROpoésie – TUNISIE
9
T’as appris mon regard
Ne cherche plus ma douleur
On l’a déjà tracée
Apprends de mes nouvelles chez les moineaux
Je portais un regard de moineau
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Depuis des nuits
Au lieu de toi au lit
S’endort l’uranium enrichi
Je l’embrasse
Une fumée blanche croissant comme champignon remporte toute la ville
Penser à toi
C’est plus dur que le cauchemar nucléaire
11
Messager de la Grèce
De quels dieux es-tu messager ?
N’as-tu jamais pensé à la Grèce ?
N’y étaient
Sophocle, Achille, Aristote
Tu aimais être en Grèce
As-tu des nouvelles des Grecs ?
Même si la Grèce chute
Tu y seras toujours
Le messager de la Grèce
N’aurait pas besoin de miracle
Il lui suffirait de poésie pour le peuple
12
Toutes les options sur la table
La peinture du matin sur tes paroles
Courir pendant ton absence
On arrive à une phrase qui ressemble à deux mains, à deux lèvres
Toi tu déverses le silence dans le verre et
Moi je bois l’imagination de t’avoir
13
En m’allongeant sur le lit
Les infirmiers arrivent
Les nuages aussi
Partout on entend les chutes
Les infirmiers étant partis
Je suis resté toute seule
Là où tout sentait le Nord
Tout fut frais et humide
14
Vers toi
Je marche sur les lettres mortes
Dans l’espoir d’entendre un mot dire : Ah !
Même avec le mot blessé
On peut se promener avec toi
15
Avec la fumée de ta cigarette
Avec la dernière bouffée
Je m’en vais
Encore une autre cigarette
Tu m’allumes
Tu me quittes
Tu tousses par la bouche
16
Ton refus de venir
A l’air de pleurer
Je déploie le parapluie sur tous tes souvenirs
Que j’ai écrit avec du sang
Je tarde à me rendre compte
Que tu as attaché le parapluie à une balle
17
La mort est un texte
Il faut y insérer des phrases
Si seulement
Je pouvais t’écrire aussi
18
Je me tords
Dans la fumée de la cigarette que tu as allumée
La dernière bouffée
De la cigarette ne laisse qu’un mégot
De moi, rien
19
La fenêtre
Me rappelle le sourire du mur
J’expérimente le vol tout seul avec le crayon
La fenêtre
Est le début du vol
20
Le vent ne nous remportera pas
Je me sens lourd
Froid
Désabusé
Des mousses sur nos vêtements
On ne comprend que où se trouve le Nord
Cette couleur verte sur mon vêtement
Ne parle pas de la vie
Prenez le corps fossilisé des pissenlits aux musées
Le vent ne nous rempotera pas
Poème de SânâzDâvoudzâdéfar
Extrait de Je piétine sur les lettres mortes
Traduit par Kianouche Amiri