Poème de Tahar Ben Jelloun (1944-) – MAROC
Dans cette maison ouverte sur le ciel
on a versé du lait dans les coins
et éparpillé du sel dans les patios.
Le chat dort sur le piano
le lion aux yeux tendres
mange l’agneau du sacrifice
le serpent à sonnette danse dans la cour
des fourmis vont à un enterrement
un singe peint en bleu s’ennuie
le citronnier manque d’eau
les meubles se déplacent et forcent la porte
un fleuriste s’évanouit
une femme aux seins nus tire à l’arc
pendant qu’une esclave noire
égorge des coqs sur la terrasse.
Le sang coule sur les murs.
L’enfant dit : enfin une maison où il se passe des choses !