Poème de Rodrigue Hounsounou (1986-) – Partenaire d’AFROpoésie – BÉNIN
Illustration: Le Pandémonium de John Martin (1841), inspiré de Paradise Lost de John Milton, musée du Louvre.
« La science est née pour parfaire l’immonde
Et achever les œuvres oubliées de Dieu ».
Voilà pour ainsi dire le principe hideux,
Éternel; au nom duquel les faiseurs du monde
Pensent et repensent l’humanité.
Dans leur laboratoire, sombre Pandémonium,
Ils se prennent pour Dieu;
Menant des expériences, des tests affreux
D’où ressortent l’abomination et le maelström.
Hélas ! l’être humain est la seule race
Qui a peur d’une mort imminente et vaine
Sommes-nous à l’orée de la géhenne ?
Et voici le spectacle de notre monde déjà las:
Haut perchés sur les balcons, pas un seul ne sourit
Visages déconfits et alourdis
Par le poids du confinement,
Ils scrutent l’horizon silencieusement
Sans un lueur d’espoir en marche
Tomberont-ils telles des mouches ?
Joncheront-ils eux aussi les ruelles de supplices
Comme les nombreuses autres victimes du Coronavirus ?
Ils font, pour tenir le coup, du lever
Au coucher du soleil, le télétravail dans la peine.
Maudite soit la science érigée
Qui met le monde en quarantaine.
Maudit soit le progrès bâti sur des milliers
De cadavres; victimes d’un traumatisme
Sanitaire mondial dû au capitalisme
Individualiste et égoïste déguisé.
En mondialisation : Diviser pour s’enrichir.
Ô Dieu ! regarde ce qu’ils ont fait de ton monde de lumière.
Le pouvoir monte les nations sœurs d’hier
Les unes contre les autres sans répit
Et dans le quotidien déjà sombre des travailleurs,
Se lit la crise économique ici comme ailleurs
Après la pandémie du Covid-19, il y aura un changement
Profond dans les sociétés pleines de déchirements.
Les frères et amis d’autrefois
Se verront et se dépasseront à froid
Car, chacun mènera une lutte solitaire
Pour sa survie au détriment de ses pairs.
Et quand le temps emportera
Tout ceci aux oubliettes sans fard
Et effacera nos douleurs ;
Que le monde regarde les cicatrices du cœur
Et se souvienne que la nature humaine qui passe
Est insignifiante et faite de débilité
Face aux mystères de l’humanité.
Il faudra alors, si nous ne mourrons pas tous
Penser et repenser une humanité
Dans la crainte de Dieu; plus juste
Car, la science n’est qu’une vanité
Qui révèle nos limites.
Sérieusement ?
Quel texte étrange et dérangeant…
La science et donc la connaissance au banc des accusés et qui se retrouve dans une improbable association de malfaiteurs avec le capitalisme par on ne sait quel miracle.
La crainte de Dieu érigée en dogme ultime.
Et un virus nouveau qui bien sûr n’est pas l’œuvre du hasard (ou même du fameux Dieu que l’on doit craindre et puis c’est tout) mais le produit monstrueux d’une science occulte assujettie au capitalisme mondialisé…mais en même temps on redoute la crise.
Je n’ai jamais ressenti un si grand malaise en lisant des écrits poétiques.
La géhenne n’est peut-être pas loin en effet si les poètes en sont là…
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D’accord ou pas avec eux, AFROpoésie laisse les poètes s’exprimer tant que cela ne dépasse pas le cadre de la loi. Tant mieux si les textes amènent des réactions, des débats, une réflexion ou même un rejet.
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👍🏾 j’apprécie la démarche.
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Merci. Attendons la réponse de l’auteur, s’il le souhaite. Il a été prévenu du commentaire.
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