Poème de Moubarak Abdoul Razak (1990- ) – Partenaire d’AFROpoésie – NIGER
Illustration: baobabs malgaches, par Thomas Perrot
Au fond de la forêt sacrée trône sans partage le roi baobab
Sa tête porte la couronne des nuages
Et ses racines s’amusent avec les plaques tectoniques.
Ô arbre millénaire témoin de la création
Et dépositaire de la sagesse
Montre-moi le chemin
Je m’en vais là où les hommes ont égaré la raison.
Le moment à partir duquel le vert devint vermillon
Montre-moi le chemin
Soudain, une voix de tonnerre me répond !
Ô hommes, vous voilà d’une humilité éloquente,
Vous êtes bien une espèce particulièrement étonnante.
Il y a quelques siècles de cela
Tes ancêtres étaient là
Sortis des ténèbres du temps et au-delà
A la recherche de mes plus belles oraisons.
Ils voulaient la science et la raison
Mais ils ne pouvaient choisir qu’une de mes chères floraisons.
Oracle de mon tronc !
Ils ont choisi la science pour leurs trônes
Ô maître de l’au-delà des mots qui sonnent
Demande à mes racines enfouies jusqu’aux entrailles de la Terre
Combien est la douleur des âmes qui y demeurent.
Combien ils pleurent de la culpabilité de leurs actions passées.
Ils ont jadis ri de leurs victoires sur Terre.
La victoire du chaos,
La victoire de l’orgueil et de la vanité des guerres.
Ne t’inquiète plus maître des mots sucrés et salés
Retourne auprès des hommes avec un cœur apaisé
Prend avec toi cette lanterne de l’histoire de vos mémoires
Et rappelle aux tiens que le passé n’est pas inéluctable
Et que le présent n’est pas inextricable.
Va et dis-leur !
Que nous sommes tous au rendez-vous du temps.