Pérennité

Poème de Robert-Edward Hart (1891-1954) – MAURICE

D’autres vous légueront, ô frères, leurs enfants
Et les vastes espoirs des essors triomphants.
Pour moi, je suis poète, et le seul héritage
Que je vous laisserai, – plus fol, ou bien plus sage –
Ce sera presque rien et peut-être un peu plus :
Le témoignage en vers de mes jours révolus,
Quelques chants, quelques cris, des sanglots et des rires,
La rumeur de ma vie et l’écho de ma voix :
Ce qui subsiste encor des anciennes lyres
Que le dernier silence exile en l’Autrefois.
Ce sera là pourtant le meilleur de moi-même.
L’arbre donne son fruit, le rimeur son poème ;
Lors ils peuvent mourir, car leur rôle est rempli.
Mais si l’arbre tombé s’abîme dans l’oubli
Le poète demeure et son œuvre se mêle
À l’immense trésor où l’âme universelle
Se cherche, se connaît, puise et se renouvelle.
Créateur d’idéal, de pensée ou d’émoi,
Puisqu’il survit longtemps à son fragile moi
Le poète est vraiment celui-là qui demeure.

Si l’œuvre doit durer, qu’importe que l’on meure ?

 L’ombre étoilée, 1924

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