Poème de Jean Ricquebourg (1868-1914) – LA RÉUNION (France)

Voici le jour habituel.
Au pied des arbres en bordure
Il semblerait qu’un peu de ciel
Ait fait un rond dans la verdure.
Sur lui s’allonge un brouillard gris
Aussi mobile qu’un nuage ;
Le vent le disperse en débris,
Le soleil achève l’ouvrage.
Ce morceau d’azur incertain
Où la lumière se reflète
Est un étang que le matin
Vient de surprendre à sa toilette.
Déjà les pélicans goitreux,
Les cormorans et les sarcelles,
A l’émoi d’un réveil heureux,
Poussent des cris, battent leurs ailes.
Sur les bords, réfléchis, debout,
L’ibis cendré, le flamant rose,
La cigogne et le marabout
S’observent du haut de leur pose.
Les nymphéas, les nénuphars
Boivent le jour à la surface,
Et sur les calices épars
La libellule se délasse.
La poule sultane à dos bleu,
Au fond d’une coupe rosée
Où reluit un pistil en feu,
Pique des perles de rosée.
La rizière, où l’étang finit,
Se déroule en tapis de soie ;
A l’horizon elle s’unit
Avec le ciel lustré de joie.
L’aile éventant le riz frôlé
Dont la masse ondule et s’épanche,
L’aigrette au corps immaculé
Vogue, navigue, voile blanche.
Près du talus qui la cachait,
Prenant son vol, la bécassine
Revient par un brusque crochet
Au champ plus vert qui la fascine.
Et, parmi cet enchantement
Qui la caresse et l’enveloppe,
Libre, un étalon véhément
Hennit au soleil et galope.
Ciels d’Annam, publication 1936.
merci en lisant les premières strophes je me suis dis qu’il décrivait la « mare à poules d’eau » dans le cirque de Salazie. Mais c’est en fait un tout autre décor qu’il décrit, étranger à l’île de la Réunion
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Pas faux. Jean Ricquebourg a vécu et voyagé en Asie, notamment en Indochine. Ce poème se trouve d’ailleurs dans le recueil « Ciels d’Annam ».
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