Écris-moi ta solitude

Poème d’Essaid Manssouri (1991-) – Partenaire d’AFROpoésie – MAROC

Essaid Manssouri et la co-autrice de ce poème, Lomelle (Madagascar)

Seule,

Entre les quatre murs

De ma chambre

Ici aucun oiseau 

Chante le zéphir

Le silence de mort 

Qui règne ici et là-bas.

Je regarde, je vois 

Défiler ma vie 

Avec cet air triste

Si tragique 

Comme un mauvais 

Film romantique

Dont je suis l’actrice 

Et le spectateur,

Je n’entends 

Que les battements

De mon coeur

Empli de crainte

Car je ne connais

Que solitude

Et ses étreintes.

Ma solitude, quelle solitude !

Elle a planté ses arbres

Dans ton âme tendre

Tu es devenue

Une forêt isolée, 

Ton ciel est nuageux,

Aucun désir, 

Aucune passion l’habitent, 

Tes yeux sont devenus

Un marais de larmes,

Ô muse, 

Écris-moi 

Sur mon cœur solitaire

Tes maux, 

Chagrins des regards,

Tes larmes 

Qui essaient de te taire

Tes verres 

Qui s’attablent 

Devant le retard

De ton pigeon

Partant à une autre terre,

Ma solitude,

Ô solitude ! 

Je te pleure.

Dans ma solitude

Je t’écris 

Un vers 

Que je noie 

Dans mon verre

De Cuba libre 

Comme mes rimes 

Qui ne s’ariment 

À rien

Vent de solitude,

Matin d’hiver

Sur ma couche où se meurt 

Chaque espoir 

Et histoire d’amour

A la vie qui suit son cours 

Sur le lit de la rivière 

De ma vie 

Ma solitude a été adoucie 

Par ta poésie.

Ô muse,

Sais-tu combien de nuits

Je caresse le silence, 

Le vide du temps

Sais-tu que je suis

Ce poète mourant 

Une patrie m’habite, 

Cette patrie de silence

Et d’oppression,

Me torture silencieusement,

Elle a enterré ma larme

Dans la vallée

Et planté mes fleurs 

Dans l’étranger

Ô Muse,

J’ai besoin d’un câlin

Je pleure comme

Je t’écris mes douleurs.

Ô muse, 

Viens ensemble,

Dansons sous ce soleil

Inspire mes yeux 

Chantons ce chant d’été

Bécots des rayons multicolores

Des amoureux perdus.

Ô muse,

Je t’attends, 

Viens, embrasse mes yeux,

Tues ces adieux

D’antan, ces souvenirs

Ces amours infidèles

Je t’attends,

Sous cet ombre nuageux

Au bord de la vallée

Des amoureux étourdis.

Ô Poète, 

Viens dans mes bras 

Puisses-tu écrire 

Et écrire encore

Jusqu’à ce que la mort

Te dérobe 

Ton dernier souffle

Puisses-tu apporter

La voix 

De tout ceux 

Qui souffre 

En silence

Ô Poète,

Pourquoi crains-tu 

Une danse 

Avec ta muse 

As-tu donc peur 

De voguer

Sur les océans de poésie

À vie

Crains-tu de ne pouvoir

Te défaire de son emprise

Viens,

Ô poète,

Dansons encore…

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