L’Escaut, de la source à l’estuaire

Poème de Thierry Quintrie Lamothe (1944 – ), à retrouver sur le blog partenaire Poesia Revelada.

Comment imaginer qu’un filet d’eau perdu dans un pâturage de Gouy, modeste village de l’Aisne, puisse donner naissance 450 km plus loin à un grandiose fleuve hollandais?

Carte d’Anthony Despaslins

Dans le chant tiré des roseaux

Par l’archet léger de la brise,

Germe l’écho d’un filet d’eau

Et cette rumeur imprécise,

L’enfant joue avec un dauphin

Tout fier de montrer sa nageoire,

Frêle stèle dans le bassin

Jeux facétieux au fond du soir.

Les navires voguent sur l’herbe

A travers la plaine et le bois,

Dans le feu d’un couchant superbe

Canal une dernière fois,

A Gand, la ville aux vingt-six îles

L’Escaut ne cesse de gagner,

Quittant les chemins inutiles

Pour trouver d’autres cavaliers.

A Anvers, frisson des ripailles

A présent, ton jour est levé,

Le Graal, après la bataille

Blaise Cendrars, loup affamé,

Garde cette main dans la tienne

Fille des épaves d’instants,

Rescapée d’une vie ancienne

A tracer les lignes du temps.

Vapeurs soufrées, sables mouvants

L’estuaire respire la vase,

Où grouillent des appâts vivants

Echappés des fûts de cervoise,

L’Escaut oublie en mer ses marges

Dans un décor de remorqueurs,

Pressés d’atteindre le grand large

Poussés par des désirs d’ailleurs.

Au loin, le ballet des navires

Dans un battement miroitant,

L’eau devient verte puis saphir

Au ras d’un souffle scintillant,

Tu peux, errante hirondelle

Tracer un lumineux sillage,

Là-bas, dans un battement d’ailes

Fuir encor pour tromper l’orage.

Retrouvez ce poème et tant d’autres sur https://www.poesiarevelada.com/

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