Poème d’Essaid Manssouri (1991-) – Partenaire d’AFROpoésie – MAROC

Je t’écris maintenant
Comme cet enfant
Qui a perdu l’euphorie
Depuis sa connaissance,
Oui, quand je me parle je souris,
Ne pense pas que je suis le seul;
Le seul qui rit,
Je marche, je regarde,
Ma main droite dans ma poche,
Je vis, je survis,
Je me réveille, je surveille,
Et quand je pleure
Ne pense pas que je suis le seul;
Le seul qui pleure.
Je t’écris maintenant
Comme ce vieux
Qui a perdu ses allégories.
En moi, au fond, dans mon for,
Il y a un autre monde
Pas comme ce monde,
Différent, tout différent,
Que tu vois, que tu ressens
Et sur laquelle tu marches;
Un monde qui est empli de chagrins,
Habité par des situations,
Des événements, des vérités,
C’est un monde unique, caché
Dans chaque vérité,
Une histoire écrit par l’âme
De la réalité, de l’humanité.
Un monde que tu ne connais
Peut-être pas, tu ne le sais pas
Mais que quelqu’un d’autre connaît,
Certains versent des larmes,
D’autres les écrivent avec lueur,
Un monde où la bannière de l’amour
Et de l’humanité est hissée,
Telle est la différence entre toi et moi.
Je t’écris maintenant
Comme cet individu
Qui a perdu son jardin fleuri.
C’est pourquoi, ce pourquoi
Que je porte en visage humain,
Ce voile étranger, multicolore,
Et toi, Ô autrui, Ô le toi, Ô égo,
Dis-moi, connais-tu ?
Connais-tu ce monde qui m’habite ?
Peu m’importe, oui, peu m’importe
De qui tu es et d’où tu viens,
Dis-moi, connais-tu ce monde,
Je te dirai qui tu es et d’où tu viens.