Poème de Nelly Chamard (?-?) – ALGÉRIE/FRANCE

Quand mon cœur est en peine, c’est là que je reviens.
Blottie dans la senteur tiède du figuier,
Je retrouve ta voix cristal dans les palmiers,
Lumière zigzagant au milieu des jasmins.
L’étoile dans l’oreille, je baisse ma paupière
Et vois tes yeux profonds, émergeant de l’azur,
Elixir de saphirs sur l’onde la plus pure ;
Leurs grains de sable d’or sont ma dune où j’espère.
Quand mon rêve est en peine, je vogue sur la mer,
La cadence est magique, les vagues ne rient plus.
Mes songes enfantins qui ne s’amusent plus,
Sont à demi figés dans la vapeur amère.
Suprême est mon émoi quand l’écume fait rage,
Déchaînant ma mémoire en ses secrets recoins ;
Il ressurgit alors, découvrant le rivage,
Des écrits d’autrefois aux airs proches, et lointains.
Tout mon sang est grisé sur la plage en ivresse,
Il se gorge d’anis tout ambré de cannelle,
S’enivre de vin doux muscat et citronnelle,
Mes yeux sont suspendus sur leur songe en détresse.
Je ne peux séparer la mer de mon breuvage,
Onirique boisson qui fait danser l’enfance.
D’une plage rêvée qui nourrit ma démence,
Je ne peux oublier mon lancinant servage.
Poème extrait du site http://www.oran-memoire.fr/