Poème de Claude Dussert (1947-) – Partenaire d’AFROpoésie – FRANCE

Le fleuve ondulait sur les pierres roulées
Le ciel se consumait au soleil couchant
La nuit se confondait dans les astres luisants.
Sa peau nue chatoyait sous la lune sauvage
Sur son cou un collier de petits coquillages
De perles et d’ossement. Sa ceinture tombait
Sur ses hanches arrondies de Vénus callipyge
Ses longs seins nus striés, mutilés au couteau
Ressemblaient à des outres vides, asséchées.
Scarifications, excision, coupures d’adolescence
La caresse du vent comme un souffle d’innocence
Lui souffle de mémoire les gestes ancestraux
Lui murmure à l’oreille des bruissements secrets
Enchante la forêt à l’ombre des grands arbres.
Son corps trésaille et vibre comme la lame d’un sabre.
Ils sont venus furtifs voler sa liberté.
Prisonnière maintenant de l’infini silence
Ligotée, bâillonnée, dans des vapeurs d’essence
Ses bras sont des serpents languides, imprégnés
Des effluves d’amour montent cycle infernal
De son corps qui suinte les sueurs d’une cale.
Allons-nous resté coi assister sans bouger
À ce débarquement de cadavres ambulants
Ou tendre notre main à ces nouveaux entrants ?