« Carthage parle à Joal » de Shams Nadir

Poème de Shams Nadir (1940-) – TUNISIE

Carthage vue depuis la colline de Byrsa. Crédits à Mourad Ben Abdallah – Wikipédia

Quand sonne l’heure au secret de la conque

De nouveau, verdit le Sahara

Comme aux temps de la gloire caspienne.

Et convergent les caravanes.

De Sijilmassa, grand emporium des sables

De Tombouctou, jardin éclos autour de l’Arbre

De Tassili, ivre de ses fresques.

Alors Carthage parle à Joal…

Et la rumeur des vagues à Popenguine

Retrouve son écho au rivage des Syrtes.

Longtemps nos paroles croisées ont tatoué la mer

Comme, en leur envol souverain,

Les colombes de nos pensées calligraphiaient le ciel

Nos chants emmêlés ont fait lever l’Harmattan

Et, dans la plume des moissons,

Dériver, cavale de pollen germiné,

Les légions pacifiques du Poème

Feu et neige sur la coiffe du Kilimandjaro

Poisson d’or sur les eaux mères du Congo

Antilope cabrée aux flancs des dunes blondes

Étoile évanescente parlant au nom du jasmin

Le Poème.

Racine du baobab, chevelure du palmier

Question du Sphinx sculptée à l’abrupt des falaises

Respiration des marées, portulan des nuages

Le Poème, en ses métamorphoses.

Il dit, le poème :

Qu’un seul arbre peut être ciel

Une seule aurore, naissance

Et que l’amour est la raison du monde.

Il dit, le poème :

Continue ton chant, Coryphée

Pour donner la mesure au chœur qui t’accompagne

Car si tu cesses d’apprivoiser la mer

Qui, jamais, pourra nous conjurer

Contre la montée des eaux ?

Qui, jamais, nous offrira son Arche

Contre le Déluge ?

Poème dédié à L.S. Senghor, emprunté au site https://unesdoc.unesco.org/

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