Poème de Jérôme Aviron (1969-) – Partenaire d’AFROpoésie – FRANCE
À Lyon, le 23 mai 2014
L’œil rivé sur son précieux ouvrage,
Le jeune jardinier observe
À la dérobée, son entourage
Féru de bouquins, sans réserve.
Pour lui dès sa naissance, le Wolof, dialecte
Ouest-africain essentiellement oral,
Demeure la seule langue originale
Qu’il connaisse, bien que parfois cela l’affecte.
Fatalement, de par son métier
Abdoulaye rencontre
Souvent des expatriés,
Ne parlant que le français par contre.
L’esprit toujours curieux et vif,
Il espère sans trop y croire,
Apprendre un jour ce langage complexe et incisif,
Plein de subtilités et de chausse-trappes, ô désespoir !
De semis en brèves conversations,
Un vieux client régulier, ancien professeur
De lettres classiques en coopération,
Dénicha son appétit précurseur.
Dévoué et enseignant dans l’âme,
Il lui proposa simplement
De lui inculquer avec flamme,
La langue de Molière, patiemment.
Ainsi, semaines après semaines
L’apprenti lettré progresse,
Plein de bonne volonté, amène,
Sources de succès sans cesse.
Bientôt, l’élève ne dépassera
Pas le maitre, mais il prendra goût
À la lecture, qui pour lui sera
Gage d’ouverture, sans bagou.
L’illettrisme est un fléau
Qu’il faut sans fin éradiquer,
Que ce soit sous les vastes préaux
Ou dans la brousse, pour éduquer.
La perspective du beau et du bien,
Passe souvent par une gymnastique
Intellectuelle, échafaudant des horizons fantastiques
Pour l’intelligence, exempte de sectarismes microbiens.